Étonnement que la dissolution de la Yougoslavie n'ait donné lieu à aucun changement de frontière. Les nouveaux États sont apparus dans leurs anciennes limites fédérales, malgré des incohérences lourdes de menaces futures. Au niveau mondial, c'est comme si la question du redécoupage des frontières (pourtant presque toutes décrétées par les Européens il y a plus d'un siècle) était devenu un sujet absolument tabou.
Et ce paradoxe: on nous parle de la fin des États-nations, mais à aucun moment dans l'histoire ces "nations" n'ont été aussi figées, sacralisées dans leur géographie. Que l'on se souvienne, à l'inverse, de la mobilité des grands empires, même encore récents, qui troquaient tel territoire contre tel autre!
Cette situation peut-elle perdurer? Mais qui osera frapper le premier? Entre la Chine et la Russie, peut-être? Ou dans des régions plus délaissées, en Afrique où l'absurdité des frontières coloniales est un fait admis, et où de possibles changements se profilent (Sud-Soudan, "Azawad"), même si ce ne sont que des sécessions et non de francs retracés intelligents?