lundi 21 mai 2012

Récits de déclassement (2)

Voilà que tu accuses une fois de plus ton passé, te reprochant couardise et intérêts bien compris. Tout cela est tellement facile, injuste! Te blâmer des fautes anciennes pour mieux oublier les fautes d'aujourd'hui. Car il n'y a pas que dans les profondeurs du passé que d'autres options t'attendent, te regardent fuir. "La porte est ouverte"*, elle l'a toujours été - tu n'as seulement pas tenté de la pousser, pour voir!

- Oui, je le savais, certes, mais je craignais des chausses-trappes, ou que la porte, une fois franchie, se fermât définitivement derrière moi, effleurée par un mauvais courant d'air, me refusant toute alternative autre que d'avancer dans ce chemin incertain. Je ne veux renoncer à rien.

- Était-ce là ta crainte passée? Ta crainte présente, qui te fait à chaque seconde retarder le moment de vivre? Homme d'aujourd'hui! Tu veux la diversité des chaînes, sans ne devoir te lier à aucune. Et tu contemples les programmes, tu soupèses les divertissements, couch potato affalé devant le spectacle de ta défaite, bière dans une main, paquet de chips dans l'autre, modérément insatisfait. De toi ne restera que le doute.

- C'est déjà quelquechose... Les doutes aussi nous construisent. Et tu peux t'acharner sur moi, brosser de moi les portraits les moins flatteurs, je n'y vois pas matière à bouleversement, à révolution, à résolution. N'est-ce pas le choix que j'ai toujours poursuivi, même en faiblissant parfois? Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même; je n'ai jamais accusé les autres. J'ai toujours agi en connaissance de cause. Je n'ai jamais été une victime!