Toutes ces villes françaises (Lyon, Nantes, Bordeaux, etc.) ont évolué considérablement en une dizaine d'années, pour des raisons que j'ignore (moyens financiers accrus?) et sous quelque couleur politique que ce soit. Elles ont suivi le modèle "néerlando-allemand" (disons, le "modèle rhénan"): transports en commun performants, désincitation à la voiture, espaces verts, propreté accrue, ouverture au monde: la reconquête du centre-ville comme un lieu de vie possible, mélange d'initiatives privées et publiques.
Et c'est ce qui est désespérant lorsque l'on se retrouve à Bruxelles: cette ville n'a pas décliné, elle est simplement restée au stade où se trouvaient la plupart des villes européennes il y a vingt ans! Transports publics inadaptés, saleté des rues et des façades, saturation automobile, centre-ville invivable et appauvri... Elle est coincée dans les rêves des années septante. La situation politique n'y a pas aidé, certes. Mais l'individualisme borné des Belges, leur mollesse et leur autosatisfaction ont aussi puissamment contribué à ce marasme: insuffisances des moyens, incapacité de se projeter dans une modernité raisonnable, même à très moyen terme. La ville subit, survit, surnage, lutte pour rafistoler ce qui peut l'être et demeurer à peu près décente - pitoyable vitrine de l'Europe.