Et tandis que je chevauchais dans la campagne irlandaise (!), sous un ciel gris aux riches nuances, le souvenir d'un autre ciel gris m'est soudain revenu.
Les cours à l'université n'avaient pas encore repris, et nous nous trouvions tous chez mes parents à M* (chose rare). J'étais allé au cinéma avec ma sœur. Peut-être le temps était-il plus lumineux que je l'imagine? Tout me semble lent et triste.
Les cours à l'université n'avaient pas encore repris, et nous nous trouvions tous chez mes parents à M* (chose rare). J'étais allé au cinéma avec ma sœur. Peut-être le temps était-il plus lumineux que je l'imagine? Tout me semble lent et triste.
Nous sommes sortis du cinéma, avons pris le tramway, et ce n'est qu'en arrivant à la maison, voyant le visage grave de mon père, que nous avons deviné que le monde avait basculé - cette impression que chacun a sans doute ressentie en découvrant, sur sa télévision, les images insoutenables du 11 septembre 2001.
Pourtant, je me souviens aussi que ce mois fut chargé: la vie a continué comme avant. Peut-être avec le recul d'une décennie pourrions-nous même conclure que cet événement n'a pas changé grand chose, n'a pas eu l'impact que nous avions pressenti, autre qu'une spectaculaire opération et ses victimes directes. Les guerres d'Afghanistan, d'Irak, n'ont servi à rien. Quant au monde musulman, tout porte à croire que cet événement, loin de précipiter les choses, n'a fait que les retarder de dix ans - y compris pour l'Islam politique que le 11 septembre a discrédité et qui aura dû attendre les révolutions de l'an dernier pour s'imposer.