jeudi 2 août 2012

Tous auront une récompense auprès de Dieu

Je sais que j'avance sur un terrain un peu miné, mais qu'on me permette quelques réactions préliminaires sur une lecture superficielle du début du Coran (il aura fallu vraiment attendre trop d'années avant que je m'y intéresse!). Et surtout, faire part de mon étonnement d'y découvrir un dieu bienveillant, proche et attentionné: "le clément, le compatissant, le miséricordieux"; "Allah est Celui qui pardonne et qui accorde Sa miséricorde" (2-173). Un dieu qui sait tout, "vaste et omniscient" (2-115), qui observe: "Allah connaît parfaitement les biens que vous faites" (2-197) - à l'écoute, enveloppant: "Je suis proche. Je réponds au vœu de celui qui M'aura invoqué" (2-186). Mieux encore: "Allah a ceci de plus que vous, c'est de connaître le contenu de votre cœur" (3-119).
Et surtout, un dieu finalement assez peu formel ("Il n'y a pas de contrainte en religion, car la vérité s'est distinguée de l'erreur" (2-256)), alors que la religion musulmane vue de loin paraît souvent affaire de forme et de rite, de rigidités fumeuses (mais c'est sans doute plus un problème de qualité des interlocuteurs, prompts à leur propre caricature). Par exemple, l'interdiction du vin semble être le résultat d'une pesée raisonnable, non d'un dogme absurde: "le vin et les jeux de hasard (...) comportent une grande souillure, mais aussi des bienfaits pour les hommes. Cependant, leurs méfaits sont supérieurs à leurs bienfaits" (2-219). De même pour les interdits fameux dont il a été question en France ces derniers temps, comme la viande de porc* ("il n'est fait aucun reproche à celui qui est contraint d'en consommer, en étant par ailleurs sincère, car Dieu est Celui qui pardonne et qui est miséricordieux" (2-173)) ou le jeûne* ("Allah veut vous soulager de vos peines et ne veut pas chercher à en rajouter" (2-185)). D'ailleurs, il se moque bien des hypocrites: "lorsqu'ils voient les vrais croyants, ils disent nous croyons" (....) Allah se moquera d'eux et les laissera végéter dans leur erreur" (2-14/15). Il ne suffit pas de se conformer à "l’aumône légale" (quoiqu'il semble y avoir quelques contradictions sur ce point entre l'une et l'autre sourate): "Vous n'atteindrez la vraie piété que lorsque vous aurez fait aumône de ce que vous chérissez le plus" (3-92).
Enfin, un dieu qui comprend l'admiration que l'on peut éprouver face à la beauté du monde, de la pluie, du commerce (!), sans que cela ne doive devenir motif de polythéisme: "Certes, dans la création des cieux et de la terre, dans l'opposition de la nuit et du jour, dans le vaisseau voguant sur la mer pour le profit des gens, dans l'eau qu'Allah a fait descendre du ciel et par laquelle Il a fait revivre la terre après sa mort, dans les bêtes de toute sorte qu'Il a fait pulluler, dans les variations des vents et des nuages soumis entre ciel et terre, n'y a-t-il pas des signes pour un peuple qui raisonne?" (2-164)

Tout cela est assez extraordinaire et inattendu (mais qu'attendais-je?). Il faudra toutefois lire la suite, car je comprends aussi qu'on ne peut se limiter à quelques phrases isolées (en principe, il ne faudrait pas le faire), et que ces lumineuses paroles sont parfois "abrogées" ailleurs. Tout est aussi question d'interprétation personnelle et de pratique, sans doute.