mercredi 22 janvier 2014

Origines

Ai commencé puis rapidement enchaîné les chapitres des Origines* d'Amin Maalouf, un livre emprunté à la bibliothèque de mon grand-père lors de cette journée d'automne où nous nous sommes curieusement retrouvés à mener la même activité: vider les lieux que nous n'habiterons plus.
J'avais trouvé dans le fond d'un placard deux grandes photographies de mes arrière-grands-parents, dont l'élégance et la beauté m'avaient frappé (je les mettrai en ligne quand ce blog sera devenu quelque chose de plus officiel). A la réflexion toutefois, cette élégance me paraît suspecte: j'imagine qu'au début des années 1920 on devait s’habiller spécialement pour aller chez le photographe, et peut-être ces habits étaient-ils simplement prêtés pour l'occasion?
De plus ma mère, à qui je montrai leurs visages quelques semaines plus tard, me dit qu'ils étaient vendeurs sur les marchés (une information que l'on ne m'avait jamais donnée, mais dont je ne m'étais jamais soucié non plus), gens simples pour lesquels cette photographie avaient dû constituer un événement important, lié sans doute à leur mariage ou à leurs fiançailles.
Et je me suis demandé si la pudeur qui entourait notre ascendance, le complet désintérêt pour cette question, ne venait pas de ces origines modestes que par "bienséance" l'on préférait taire... Comparaison n'est pas raison, mais chez Amin Maalouf aussi les origines sont obscures, les souvenirs imprécis; et chez lui aussi les descendances se perdent dans le vaste monde, ignorantes et libres, ne conservant que des patronymes devenus illisibles...