Moment de poilade à la lecture de certains Poèmes Barbares de Leconte de Lisle*, par exemple la grotesque Mort de Sigurd* (quel titre, déjà! on croirait un épisode de Xena la guerrière...). Les lycéens qui grognent contre Philippe Jaccottet
ne savent pas à quoi ils ont échappé - quoique ces poèmes soient
exactement ceux que le lycée aime décortiquer, en analysant les rythmes,
les sonorités, etc.
"La Burgonde saisit sous sa robe une lame,
Écarte avec fureur les trois femmes sans voix,
Et, dans son large sein se la plongeant dix fois, [!]
En travers, sur le Frank, tombe roide, et rend l'âme."
Puis, au milieu de ce feuilletage somme toute assez soporifique, le Rêve du Jaguar*, que j'avais déjà lu dans une anthologie, et qui est la raison (maintenant, je m'en souviens!) pour laquelle j'avais acheté le livre.
"En un creux du bois sombre interdit au soleil
Il s'affaisse, allongé sur quelque roche plate ;
D'un large coup de langue il se lustre la patte ;
Il cligne ses yeux d'or hébétés de sommeil ;
Et, dans l'illusion de ses forces inertes,
Faisant mouvoir sa queue et frissonner ses flancs,
Il rêve qu'au milieu des plantations vertes,
Il enfonce d'un bond ses ongles ruisselants
Dans la chair des taureaux effarés et beuglants."