Promesse d'un panneau routier... et souvenir d'un poème qui m'avait considérablement marqué autrefois - sans doute la fusion de références animales presque mythologiques (cette chauve-souris prisonnière et pourtant libre), de phrases inouïes, hautaines ("la majesté de ces eaux trop fidèles / me laisse froid") et intimes ("hors l'écho, je ne parle à personne, à personne" - excellente phrase, déjà citée il y a longtemps, qui réconcilie enfin le sens et le son).
Parle-t-il vraiment de Portovenere? ou bien de l'impossible quoique toujours espéré "port de Vénus", un havre où nous pourrions vivre réconciliés avec nous-mêmes, dans une parfaite coordination* des sens et des désirs - celui vers lequel j'ai par hasard mis les voiles, sans m'en sentir forcément plus mal.
La mer est de nouveau obscure. Tu comprends,
C’est la dernière nuit. Mais qui vais-je appelant ?
C’est la dernière nuit. Mais qui vais-je appelant ?
Hors l’écho, je ne parle à personne, à personne.
Où s’écroulent les rocs, la mer est noire, et tonne
dans sa cloche de pluie. Une chauve-souris
cogne aux barreaux de l’air d’un vol comme surpris,
cogne aux barreaux de l’air d’un vol comme surpris,
tous ces jours sont perdus, déchirés par ses ailes
noires, la majesté de ses eaux trop fidèles
me laisse froid, puisque je ne parle toujours
ni à toi, ni à rien. Qu’ils sombrent, ces « beaux jours » !
ni à toi, ni à rien. Qu’ils sombrent, ces « beaux jours » !
Je pars, je continue à vieillir, peu m’importe,
sur qui s’en va la mer saura claquer la porte.
(Philippe Jaccottet, L'Effraie et autres poésies, 1953*)
sur qui s’en va la mer saura claquer la porte.
(Philippe Jaccottet, L'Effraie et autres poésies, 1953*)