mardi 13 novembre 2012

Portovenere (2)

Cherchant un lien pour compléter mon post précédent, je découvre avec surprise que Philippe Jaccottet est encore en vie, tout comme Yves Bonnefoy... Quelle excellente nouvelle! C'est comme si l'on m'annonçait soudain que Rimbaud avait ressurgi du fin fond de l’Abyssinie.
Ma propre rencontre avec ces maîtres me semble appartenir à un passé si lointain! Dans le silence d'une chambre adolescente, ou dans l'ennuyeuse "permanence" du lycée, je me souviens que c'est Isabel Bremen qui m'avait fait découvrir Philippe Jaccottet, à l'époque préhistorique où nous nous écrivions encore des lettres, recopiions des poèmes sur nos feuilles à grands carreaux. Plus tard, ma (modeste) connaissance de Philippe Jaccottet avait fortement impressionné la princesse bulgare que j'avais presque ferrée (pour une fois que la poésie, au lieu de prétendument me sauver de la mort*, aurait réellement pu me servir à quelquechose!).
Un peu avant, j'avais eu la possibilité de participer à un "atelier poésie" où Yves Bonnefoy était censé intervenir (?), une sorte de coaching littéraire avant l'heure (c'est en pensant à ce genre d'anecdotes que comprends à quel point ma vie, loin d'être obscure et monotone, est avant tout une succession d'extraordinaires occasions manquées...). J'avais renoncé à l'atelier, l'idée m'en paraissant improbable, décalée, indécente. Comment aurais-je même osé soumettre à Yves Bonnefoy mes "pauvres poèmes de pierre grise", faire perdre un temps si précieux au grand écrivain? Tant qu'à faire, autant faire relire mes devoirs de physique-chimie par Stephen Hawking! Et de toute façon, on n'écrira jamais rien de valable en groupe*, même avec un grand poète plein de bonne volonté.

Trêve de vieux souvenirs et de digressions! Car de savoir ces auteurs encore parmi nous, respirant le même air que le nôtre, penchés sur leur œuvre éternelle au moment même où nous vaquons à nos activités stériles, me rend soudain le monde meilleur - considérablement, merveilleusement plus vivable!