samedi 26 janvier 2013

Quelques personnes (...) le regardaient avec envie

Ai récemment relu Bel Ami, livre que j'avais mis autrefois dans le panthéon des modèles indépassables. Mais, cette fois-ci, je l'ai trouvé un peu long, un peu forcé. Sans doute est-ce lié une lecture quelque peu "saucissonnée", entamant des chapitres aux heures tardives, ou le week-end entre deux tâches ménagères... Peut-être également y a-t-il un âge pour chaque chef d’œuvre, et cet âge-là est-il passé?
Cela reste pourtant un bon livre, un modèle, dans la façon de se moquer avec tendresse de son héros (ce que j'avais voulu faire dans la Nuit de Georges mais en plus outré), dans quelques découvertes intéressantes: par exemple, cette atmosphère pesante d'été parisien dans laquelle tout semble se dérouler, dont il y a des descriptions puissantes. L'hiver n'existe pas dans ce livre, pas plus que le décrépitude ni l'échec.
"La place de la Trinité était presque déserte, sous un éclatant soleil de juillet. une chaleur pesante écraisait Paris, comme si l'air de là-haut, alourdi, brûlé, était retombé sur la ville, de l'air épais et cuisant qui faisait mal dans la poitrine.
Les chutes d'eau, devant l'église, tombaient mollement. Elles semblaient fatiguées de couler, lasses et molles aussi, et le liquide du bassin où flottaient des feuilles et des bouts de papier avait l'air un peu verdâtre, épais et glauque.
Un chien, ayant sauté par dessus le rebord de pierre, se baignait dans cette onde douteuse. Quelques personnes, assises sur les bancs du petit jardin rond qui contorune le portail, regardaient cette bête avec envie."