mercredi 2 janvier 2013

Théorie de l'information

Impressions à mi-chemin sur la Théorie de l'information*, livre sans doute un peu trop long, hésitant entre biographie réelle (pourquoi ne pas l'assumer franchement?) et fiction trop séquentielle. Mais c'est un sympathique documentaire sur une époque proche et pourtant déjà considérablement antique, avec ses noms de marques effacés de nos mémoires, altavista, caramail, wanadoo - sans parler du minitel, objet plus mystérieux désormais que les attirails exhumés dans le tombeau de Toutankhamon.
Et il est plaisant de sortir des histoires d'artistes ou de couple pour enfin lire une aventure économique (cela me rappelle qu'à une époque je voulais écrire des nouvelles sur le monde des affaires: ce serait assez novateur) - par exemple les nombreuses saillies contre le capitalisme d’État à la française, auxquelles un auteur plus parisien et plus "traditionnel" n'aurait sans doute pas songé, ou qu'il aurait refoulées: "Programmées par la Cinquième république pour faire rayonner la France à travers le monde [Alcatel, Matra, Thomson] étaient désormais considérées comme des enjeux strictement locaux par les députés et les maires où étaient situées leurs usines historiques (...). On invoquait le patriotisme économique d'un côté, et de l'autre la concurrence infernale des pays à bas coût. Mais on savait qu'à l'exception de quelques secteurs stratégiques, l'industrie française des communications n'existerait bientôt plus."
On sent chez l'auteur l'influence profonde de Houellebecq: citations de Wikipedia, apparitions de personnages réels (Séguéla, Messier, etc.) et de son double, ou cet amusant passage sur le velux tout droit sorti d'un dépliant commercial: "Les velux se composaient d'un châssis, qui s'encastrait dans la continuité oblique de la toiture, et d'un double vitrage pivotant qu'on pouvait orienter dans toutes les directions: jusqu'à disparition du verre dans l'alignement du regard, jusqu'à l'inversion des faces intérieure et extérieure, à des fins de lavage. un store coulissant en tissu permettait enfin de contrôler l'éclairage dispensé."

Quant aux fumeux passages sur la "théorie de l'information", appelés Steampunkt, Cyperpunkt et Biopunkt (encore un auteur qui utilise l'allemand pour avoir l'air plus sérieux...), ils sont illisibles et prétentieux.