Ai lu le Dernier voyage à Buenos aires* de Louis-Bernard Robitaille, un livre qui avait longtemps traîné sur ma table de nuit, que j'ai emporté au hasard, et que l'attente à l'aéroport m'a forcé à ouvrir, une fois épuisées les habituelles distractions. Je l'ai lu dans le désordre, ne pouvant plus me soumettre à la narration imposée par les auteurs* (une bonne leçon pour l'avenir!), mais je crois l'avoir lu en entier, et j'ai plutôt bien aimé le livre, son écriture linéaire et subtilement entraînante.
Pour le fond de l'histoire: pourquoi pas? mais pourquoi? C'est un apprenti écrivain qui rencontre une mystérieuse allemande blonde... bien sûr fille de nazi! Tout cela sent le Paris des années 60, la rive gauche, les soirées avinées (on se croirait dans un Maigret! par exemple, pour la soirée de retrouvailles: deux whiskies chacun, des médicaments contre l'angoisse, une bouteille de rosé dans le restaurant chinois, puis encore du rosé place Saint Sulpice!). Ce côté "parigot" est un peu décevant, venant d'un écrivain d'origine canadienne dont on aurait pu attendre bien autre chose.
L'édition par la maison Noir sur Blanc (l'objet livre) est très belle, avec cette prometteuse première page rouge. Et il y a de captivants paragraphes, par exemple sur l'arrivée du printemps, ou sur le passage à l'âge adulte - "Comme un tas de gens en somme, je suis passablement bidon à l'intérieur, et le vernis socio-culturel peut craquer à tout moment. Mais si je joue ma partie avec prudence et bon sens, la carapace avenante tient le coup et je fais bonne figure dans les salons, les antichambres et les bars, pour peu qu'il s'agisse de terrains balisés. Je ne suis presque plus jamais seul: j'évolue à l'intérieur d'un réseau invisible où de vagues relations mondaines, de modestes alliances et de vieilles habitudes de comptoir me servent de garde-fou. Mon surmoi est en voie de solidification*, même si à l'intérieur l'oisillon malingre et déplumé a toujours peur du noir, du silence et des espaces vides. Je donne le change." - extrait que j'ai médité lors de cette conférence professionnelle où, comme tout le monde, j'essayais de tenir honnêtement mon rôle.
En refermant le livre, je me suis dit que le choix (largement imposé) d'une vie laborieuse, à défaut d'une belle vie consacrée entièrement à l'écriture, n'était pas si mauvais - que j'aurais probablement fini par m'épuiser sur la traduction de "navrantes autobiographies de politiciens, de sportifs, de people" (comme le narrateur), et que toutes les expériences que j'amasse, souvent obscures et routinières, me maintiennent dans un semblant d'existence réelle, m'obligent à une approche non touristique de la vie, et m'offriront peut-être la matière de futurs livres inspirés - dans des territoires inexplorés!
Pour le fond de l'histoire: pourquoi pas? mais pourquoi? C'est un apprenti écrivain qui rencontre une mystérieuse allemande blonde... bien sûr fille de nazi! Tout cela sent le Paris des années 60, la rive gauche, les soirées avinées (on se croirait dans un Maigret! par exemple, pour la soirée de retrouvailles: deux whiskies chacun, des médicaments contre l'angoisse, une bouteille de rosé dans le restaurant chinois, puis encore du rosé place Saint Sulpice!). Ce côté "parigot" est un peu décevant, venant d'un écrivain d'origine canadienne dont on aurait pu attendre bien autre chose.
L'édition par la maison Noir sur Blanc (l'objet livre) est très belle, avec cette prometteuse première page rouge. Et il y a de captivants paragraphes, par exemple sur l'arrivée du printemps, ou sur le passage à l'âge adulte - "Comme un tas de gens en somme, je suis passablement bidon à l'intérieur, et le vernis socio-culturel peut craquer à tout moment. Mais si je joue ma partie avec prudence et bon sens, la carapace avenante tient le coup et je fais bonne figure dans les salons, les antichambres et les bars, pour peu qu'il s'agisse de terrains balisés. Je ne suis presque plus jamais seul: j'évolue à l'intérieur d'un réseau invisible où de vagues relations mondaines, de modestes alliances et de vieilles habitudes de comptoir me servent de garde-fou. Mon surmoi est en voie de solidification*, même si à l'intérieur l'oisillon malingre et déplumé a toujours peur du noir, du silence et des espaces vides. Je donne le change." - extrait que j'ai médité lors de cette conférence professionnelle où, comme tout le monde, j'essayais de tenir honnêtement mon rôle.
En refermant le livre, je me suis dit que le choix (largement imposé) d'une vie laborieuse, à défaut d'une belle vie consacrée entièrement à l'écriture, n'était pas si mauvais - que j'aurais probablement fini par m'épuiser sur la traduction de "navrantes autobiographies de politiciens, de sportifs, de people" (comme le narrateur), et que toutes les expériences que j'amasse, souvent obscures et routinières, me maintiennent dans un semblant d'existence réelle, m'obligent à une approche non touristique de la vie, et m'offriront peut-être la matière de futurs livres inspirés - dans des territoires inexplorés!