Je ne comprends pas vraiment les huées qui ont clos la première de la Traviata à la Scala de Milan,
auxquelles seule a échappé l'excellente Diana Damrau. Les critiques des "traditionalistes" à l'égard de la mise en scène me
semblent particulièrement déplacées: s'ils veulent voir des mises en scène
modernistes "cheap" qui n'apportent rien à l'opéra, qu'ils viennent
donc à la Monnaie de Bruxelles qui en a fait sa spécialité! L'idée de les faire
cuisiner des pizzas dans le second acte était plutôt sympathique, et le
troisième acte qui sous-entend que Germont père et fils n'ont aucun remords, et
cherchent juste à se donner bonne conscience, était une relecture audacieuse
mais pertinente.
Quant au ténor Piotr Beczala, je l'ai trouvé très correct; il a sans doute
été victime de la mise en scène qui faisait de lui un personnage sans grande
consistance... à moins qu'il n'ait été effectivement victime d'une cabale
italienne, comme il l'a suggéré sur son compte facebook dans une réaction typiquement polonaise (refus de prendre le moindre
recul par rapport à la critique, damnation éternelle, et renvoi à un problème
de nationalité...).
Au contraire, cet opéra était remarquable et m'a fait réentendre avec une
oreille neuve des airs dont je m'étais lassé et que je ne voulais plus écouter.
Par exemple le magnifique début du second acte "De' miei bollenti
spiriti", ou l'air "Sempre libera" qui me fait penser à
l'orgasme que Violetta se promet d'avoir quelques instants après, une fois
qu'Alfredo l'aura rejointe (cela est plus évident dans cette version très réussie chantée par Joan Sutherland).