Je me suis tenu à l'écart du débat sur le "mariage pour tous" (l'historien du futur ne devinera pas les hystéries et passions que ce sujet aura provoquées - le rejet très ferme du "vivre ensemble", de l'appartenance à la communauté nationale dont les conséquences se feront sentir longtemps, notamment dans les milieux "zurichois" que je connais bien).
C'était plus par indifférence que par conviction.
Que la république valide l'union de deux citoyens qui veulent s'établir ensemble durablement, et l'affirmer publiquement, me semble légitime. C'est la nature même du mariage civil d'être un événement public (et non pas privé! il m'a fallu un moment pour le comprendre...), mais le mariage civil va au-delà: l'essentiel des articles se rapportent aux enfants, à leur éducation, etc. Le mariage civil me semble même bien plus orienté vers la filiation que le mariage religieux, avec sa mystique de l'union en Dieu - dans laquelle les enfants occupent finalement une place un peu résiduelle (sans doute les prêtres contemporains ont-ils quelques pudeur à évoquer la procréation durant la messe?).
Que les homosexuels souhaitent avoir des enfants, se comprend... Mais la notion de "droit à l'enfant" n'a aucun sens (ce n'est ni un besoin vital, ni un besoin civique). Je ne doute pas que des homosexuels puissent être de "bons parents", même s'ils devront faire preuve de beaucoup de persévérance (justement parce que la société dans laquelle leurs enfants évolueront n'y est pas prête). Toutefois, nous ne sommes plus dans une situation où des milliers d'enfants croupissent dans des orphelinats, donc l'utilité sociale de ces nouveaux parents me semble limitée.
Quant à la "grossesse pour autrui", que ce soit pour des homosexuels ou des hétérosexuels, je ne comprends pas que ce soit une revendication appuyée par la gauche: il n'y a que dans un monde "ultra-libéral" extrêmement perverti que des riches puissent acheter le ventre d'une femme pauvre. La grossesse n'est pas un acte neutre - combien faudrait-il payer? Et même si une femme dans le besoin acceptait de s'y résoudre, l’État doit-il s'y résoudre? Cette cause me semble indéfendable et répugnante.