A deux reprises cet été:
- d'abord sur la route une immense falaise de nuages roses et beiges, brisée par la présence d'une rivière sans doute - je voulais m'arrêter pour prendre une photo qui aurait dignement orné ces brèves... mais, craignant le retard et surtout le ridicule, j'ai poursuivi mon chemin;
- puis, ce long après midi que j'ai passé allongé sur le dos, flottant parmi des îles éparses au tracé incertain, visions de péninsules, de havres, de collisions majestueuses - ai-je été heureux? je gardais en tête mes soucis et mes questions ("publication", paternité, avenir professionnel, destinée amoureuse et, en arrière-plan de tout cela, l'atroce situation du monde), sans doute, mais finalement le passé "passe" mieux que le présent, et je n'ai plus que le souvenir d'une grande quiétude.
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Je me souviens aussi de cette soirée en juillet sur la terrasse de Puck, où un long nuage plat dans le couchant dessinait un deuxième horizon, comme si la ville se fut soudain trouvée au bord de la mer, et que la succession des toits et des tours descendait lentement vers une mer calme, traversée d'avions devenus bateaux aux lointains sillages - j'ai été si reconnaissant à mon ami d'avoir partagé cette impression, de l'avoir encouragée par son enthousiasme - même si les photos n'ont rien rendu: comme sur les images d'Escher, on ne peut hélas voir l'une et l'autre réalités en même temps.