samedi 8 mars 2014

Cinéma/Livre

La supériorité du livre sur le film ou, pour le dire de façon moins définitive, la différence entre les deux, ne tient pas uniquement au fait que le film offre un produit fini à son consommateur, là où le livre exige du lecteur un travail supplémentaire d'imagination. Après tout, ce n'est pas en soi un élément de supériorité: le livre à toujours un côté non-fini, en devenir, et l'histoire qu'il raconte diffère d'un lecteur à l'autre (c'est pour cela que j'ai toujours trouvé bizarres et incommodantes les descriptions trop concrètes, la surabondance de détails... Qui prête attention à ce genre de choses dans la vraie vie? et que m'importe?). La différence vient peut-être davantage du fait que le film nécessite l'intervention de plusieurs dizaines de personnes, de métiers, de volontés divergentes: le cinéaste, aussi puissant et original soit-il, dépendra toujours de ses acteurs, de ses techniciens, et des techniques de son époque, alors que l'écrivain n'a besoin de personne d'autre (du moins dans une première phase*), ni de rien hormis de temps et de calme: il n'a pas d'autres limites que lui-même.

La comparaison est finalement assez gratuite, oiseuse. Si les deux "arts" sont en concurrence, ce n'est jamais que pour son destinataire final (qui a le choix entre lire un livre ou regarder un film); pour leurs créateurs, la question ne se pose même pas.


PS: et par ailleurs, Gracq a dit ce qu'il fallait penser de ce sujet (p.232 de mon édition)