Tandis que je marchais dans les rues de ma ville avec l'inexplicablement aimante (quoiqu'à sa façon) personne qui sans chercher à en dénouer les mystères partage comme moi la compagnie de cet être "fait de bric et de broc", ce personnage qui donne à peine une attention polie mais exige tout en retour, sorte de double qui s'interpose entre moi et les autres et qui me fait perdre jusqu'au fil de mes phrases, je songeais à partir faire le tour du monde.
Je me disais qu'il ne serait pas impossible de prendre un congé sabbatique d'un an par exemple, sans prévoir d'itinéraire, au gré des rencontres, en ne se fixant que le but de revenir un jour (et encore...). Cela ne me coûtera pas très cher, et j'aurai bien assez d'argent pour ce dont j'ai besoin. J'éviterai les lieux trop connus, je chercherai ce que je n'ai jamais pu trouver ici, je donnerai tout sans rien prendre, je laisserai sur le monde une empreinte légère.
Vrai projet? Après tout, ce n'est pas plus absurde ou fantasmatique que les bases de ma vie actuelle. Les plans improbables que l'on n'ose à peine murmurer semblent n'avoir pas moins de chances de se réaliser qu'une vie simple et heureuse*, ni prendre plus de temps à mettre en œuvre. Ou est-ce simplement, comme tous les ans**, le mois de mars qui se lève sur mes velléités casanières, et qui disperse mes désirs au-delà de l'horizon?