mardi 27 décembre 2016

Retour sur 2016

La pire année pour moi à beaucoup d'égards. Rien n'a fonctionné au niveau professionnel, au niveau personnel, rien ne surnage dans ce marasme, et même ce blog a été interrompu, me faisant perdre tout souvenir d’événements, de découvertes, ou même de pensée qui pourrait a posteriori me réjouir. La mort de la Parisienne*, bien sûr, étend son ombre sur toute joie de vivre - mais s'il n'y avait que cela! L'impossibilité de parvenir à un chemin commun, voilà une perte plus profonde. 
Et tous ces mois ont passé en vain, comme un tunnel dont on nous promet la fin prochaine, sans rien. Il aurait mieux valu ne même pas vivre.

*

Quant à la situation du monde, que penser d'une année qui a commencé à Cologne et qui s'est achevé à Berlin? Cologne est pour moi un événement gravissime, bien plus que n'importe quel attentat. L’œuvre de quelques déséquilibrés n'a rien à voir avec le comportement intuitif de centaines d'individus. Si cet événement se reproduit de nouveau, il n'y aura plus de cohabitation possible pour les musulmans en Europe (c'est déjà très compromis). 
Le Brexit? Oui, c'est préoccupant. Mais peut-être que quelque chose de positif sortira de cela, par exemple la fin de "l'Europe à la carte" et la disparition d'une voix discordante qui n'avait d'autre fonction que de saper l'édifice. Il faudra que les Européens continentaux se regroupent vraiment, surtout face aux menaces qui les entourent. Ils n'auront pas le choix. Je suis davantage attristé pour les Écossais, les Nord-irlandais dont ce n'était pas le choix, et plus encore pour les 75% de 18-24 ans (!) qui ont voté pour rester, et à qui on n'offre pour tout avenir qu'un souvenir de grandeur effondrée, et des "plans" de substitution peu glorieux, la survie dans un paradis fiscal notamment. Peut-être qu'un jour cette génération renversera le choix de ses grands-parents.
De l'Amérique, de la Turquie, du reste du monde, chacun aura déjà tiré sa conclusion. Mais 2017 s'annonce pire encore. En Afrique il y a peut-être quelques espoirs, si les troubles du monde épargnent le continent (jusqu'ici, à l'inverse, n'importe quel trouble a eu des répercussions plus graves en Afrique qu'ailleurs, mais les temps ont peut-être enfin changé?).

lundi 3 octobre 2016

Le voleur dans la maison vide

Entendu dans une série (mais laquelle? j'ai zappé trop vite et je ne m'en souviens plus): "Un homme, c'est une porte qui ouvre sur une pièce vide!"

On nous apprend à bien ranger, à bien vider la pièce. J'avais cité une phrase plus complexe et sans doute plus exacte il y a quelques temps (voir ici). Il y a néanmoins beaucoup de rencontres qui n'ont abouti sur rien, d'amis que l'on croyait riches et dont la richesse n'était qu'une contrefaçon, dont la gentillesse et la fidélité n'étaient qu'un code creux, personnellement insignifiant.

dimanche 2 octobre 2016

Après trois siècles

Chamfort, personnage surprenant, apparemment bien connu de ses contemporains, aimé de femmes, mais dont ne reste aucun portrait, à peine quelques éléments de biographie, mais suffisamment de phrases puissantes pour traverser trois siècles - comme celles-ci, prises au vol comme des scarabées d'or, et que je copie dans l'espoir de rehausser la qualité de ce blog:

"Les hommes qu'on ne connaît qu'à moitié, on ne les connaît pas; les choses qu'on ne sait qu'aux trois quarts, on ne les sait pas du tout. Ces deux réflexions suffisent pour faire apprécier tous les discours qui se tiennent dans le monde". (262)

"Quiconque n'a pas de caractère n'est pas un homme, c'est une chose." (285)

"La pire de toutes les mésalliances est celle du cœur." (400)

"La plupart des livres d'à présent ont l'air d'avoir été faits en un jour avec des livres lus de la veille." (425)

"Ce qu'on sait le mieux, c'est 1° ce qu'on a deviné; 2° ce qu'on a appris par l'expérience des hommes et des choses; 3° ce qu'on a appris, non dans les livres, mais par les livres, c'est-à-dire par les réflexions qu'ils font faire; 4° ce qu'on a appris dans les livres ou avec des maîtres." (448)

"L'Anglais respecte la loi et repousse ou méprise l’autorité. Le Français, au contraire, respecte l'autorité et méprise la loi." (509)

"Lorsque l'on considère que le produit du travail et des lumières de trente ou quarante siècles, a été de livrer trois cents millions d'hommes répandus sur le globe à une trentaine de despotes, la plupart ignorants et imbéciles, dont chacun est gouverné par trois ou quatre scélérats, quelquefois stupides: que penser de l'humanité, et qu'attendre d'elle à l'avenir?" (472)

samedi 24 septembre 2016

Dans l'étagère des mémoires et biographies

Je cherchais un livre à lire dans la riche bibliothèque des Della Rovere*, riche mais un peu datée sans doute, dans laquelle sommeillent les bouquins de Maurice Denuzière, l'inévitable Belle du Seigneur (si pesant qu'il m'est de nouveau tombé des mains), et quelques rebuts d'il y a 40 ans (notamment un livre étonnant intitulé Pourquoi pas Venise?). Dans l'étagère des mémoires et biographies j'aurais aimé trouver quelque chose qui me soit utile, quelqu'un qui accepte de décrire honnêtement une vie manquée, ce qu'a su faire à sa façon Marcel Cohen* - mais non, impossible! Toutes ces mémoires sentent la statue de cire, sentent la momie,  et toutes les biographies sentent le "grand homme". Qu'ai-je à faire d'un grand homme? 

Il faudrait remonter loin pour trouver le récit d'une vie vraiment ratée, me disais-je, dans l'évangile peut-être? Après tout, si l'on regarde les faits tels qu'ils sont relatés, on y voit un homme (fils de Dieu ou non, mais s'il est fils de Dieu c'est plus atroce encore) qui accomplit des miracles, promet de grandes choses, et que tous abandonnent progressivement puis, trahi par les siens et abandonné par son "père", qui se fait stupidement crucifier par une foule hostile et manipulée. Il ressuscite, certes... 

J'aimerais écrire quelque chose qui soit utile aux autres, non pas des maximes ou des leçons de vie (quelle leçon oserais-je donner?), mais au moins rassurer un lecteur lointain que les doutes qu'il traverse, ses goûts, ses impressions frustrantes de la vie, ont été partagés par un autre, et que nous fassions une partie de chemin ensemble, de même que j'ai fait mon chemin avec Marcel Cohen, avec Simon Leys, avec René Grousset, et tant d'autres.

mercredi 14 septembre 2016

La mort de la Parisienne

Appelons "la Parisienne" ce malheureux embryon disparu en moins d'un mois, cause d'un "choc" émotionnel pour Della Rovere (à quoi s'attendait-elle? que cela n'arriverait pas? je ne veux pas croire qu'elle ne veuille pas d'enfants, cette peur de la maternité est un sentiment totalement incompréhensible pour moi, un sentiment sur lequel je refuse de porter un jugement définitif et que je préfère nier plutôt que d'en rechercher les racines profondes). 

Pourtant, la mort de la Parisienne m'a causé moins d'amertume que la non-existence du Florentin dont cinq ans après je n'arrive toujours pas à me remettre. Depuis cinq ans Della Rovere se joue de cette question et me promène sans que je n'ose exprimer mes désirs, comme si j'en avais honte. On nous a désappris à dire ce que nous voulons. Mais pour nous aussi l'horloge tourne. 

Pourquoi un deuil si rapide de la Parisienne? L'époque est différente peut-être, je suis moins prêt aujourd'hui que je ne l'étais il y a cinq ans (quel paradoxe!), et surtout, on peut se rebeller envers les choix d'une personne mais non se rebeller contre les décisions de la nature... Sans doute "décide"-t-elle judicieusement des choses.

mardi 19 juillet 2016

Un vieil album photo

Tandis que je regardais un vieil album photo, cet été, je constatais à quel point le spectacle de la vie que nous présentons aux autres peut être faussé, mensonger, et à quel point nous nous complaisons nous-mêmes dans ce mensonge. Après tout, si je n'avais pas laissé de nombreuses traces grâce aux journaux, aux poèmes, et même aux fictions finalement plus authentique peut-être que des écrits soi-disant honnêtes, comment pourrais-je aujourd'hui me souvenir de ce que j'étais il y a vingt ans, il y a dix ans, l'an dernier?
Connaissant mes défauts, je suis sûr que je trafiquerais mes souvenirs pour prétendre avoir été un autre, pour prétendre que les choses se sont mieux passées qu'en réalité, que "je n'ai jamais été une victime"* et autres fanfaronnades... Il faut que je poursuive ce blog, que je trouve un moyen de poursuivre ce blog (quoique la situation du monde ou ma situation me laisse sans voix et sans désir de témoigner, même de cela il faut parler). Il faut trouver une forme nouvelle et un public nouveau, pas simplement l'archéologie personnelle et l'espionnage automatique des serveurs basés en Russie (si j'en crois les statistiques de la plateforme).

mardi 21 juin 2016

Please leave

Débat final sur le "Brexit"... Et cette impression que l'on ne parle pas de la même chose, que l'on ne vit pas sur le même continent. Même le camp du Remain semble tout à fait eurosceptique, incapable d'avoir le moindre argument positif sur l'Union européenne, sur le rôle du Royaume-Uni en Europe. Le seul argument semble être l'annonce d'une catastrophe à très court terme, scenario assez peu probable... Il aurait pourtant été facile de glisser au moins trois avantages dans l'Union: le marché unique, les droits et libertés dont jouissent les Britanniques dans l'Union européenne, la possibilité d'affronter ensemble les grands enjeux mondiaux. Cela a sans doute un coût, mais si personne n'explique à quoi sert cet argent, je comprends le vote Brexit. Si personne n'explique le rôle des institutions communes, je comprends qu'elles soient détestées. On ne remplace pas en deux mois deux décennies de désinformation.

Ceci dit, j'admire les talents d'orateurs (sur du vent), les réparties. On n'aurait jamais vu un tel débat en France où les débats politiques, plus policés, ressemblent à une séries de "grands oraux"... Je lis aussi que l'enjeu était de convaincre la "classe ouvrière", les écossais,  voire même les immigrés du Commonwealth (qui, eux, peuvent  voter à la différence des européens ou des Britanniques installés en Europe, quelle honte!). La libre circulation la solidarité européenne, sont sans doute de vains mots dans le cadre de ce débat. Il y vraisemblablement des arrières-plans politiques qui m'ont échappé.

Mais tout de même, que personne ne reprenne la partisane du Brexit quand elle dit que l'Union européenne discrimine contre les non-Européens (!) - sans doute un appel du pieds aux électeurs du Commonwealth - qu'elle ne voit pas pourquoi les Chinois, les Indiens, n'ont pas les mêmes droits que les Européens, on croirait rêver. "Take back control" - pourquoi pas? Mais ce sera simplement une perte de contrôle des Britanniques sur l'Union, phénomène auto-réalisateur à force de déconsidérer l'Union. Si le sentiment d'appartenance à une communauté européenne n'existe pas, si le seul gain est un bénéfice commercial, il vaut mieux partir en effet. Et c'était ma conclusion un peu écœurée après ce débat absurde et incompréhensible: "Please, leave!"

S'ils restent, ce sera pour de mauvaises raisons. Il faut vraiment que l'Europe évolue,  que l'on explique pourquoi l'Europe existe, que l'on développe ce sentiment d'appartenance commune (que les jeunes générations ont sans doute davantage, il faut aussi un peu de patience), se concentrer sur ce qui est utile, ce qui a du sens - mais obliger aussi les gouvernements à assumer leur appartenance, réagir en cas de désinformation. Il faut que quelqu'un parle pour l'Europe. Pour l'instant, comme dans le débat du Brexit, personne n'a rien dit.

Le meurtre de Jo Cox (2)

L'injustice de cette mort me révolte. "Britain first"... Mais Jo Cox n'a sans doute jamais dit que l'Europe devait être mise sur le premier plan: c'était une patriote à la façon dont chacun devrait l'être, persuadée que le Royaume-Uni était plus puissant dans l'Union que seul. Le discours fédéraliste (largement discrédité depuis longtemps - une espèce en voie d'extinction dont je me demande même si elle a eu un début d'existence authentique, comme les éléphants nains de Sicile) en a peut-être égaré quelques uns, mais le vrai discours européen est aussi un discours patriotique national, la souveraineté partagée doit pouvoir rendre plus puissant. Difficile de convaincre tout le monde probablement.

Ceci dit, j'ai pu critiquer Cameron  par le passé mais il a bien fait de convoquer le référendum sur le Brexit. La position du Royaume-Uni dans l'Union européenne telle qu'elle se pratiquait ces dernières années n'était plus tenable. Le référendum, quel que soit son résultat, aura le mérite de la clarté: l'engagement à reculons et la critique perpétuelle (de façade) n'avaient pas beaucoup de sens. Même si le "remain" l'emporte, j'espère que ce ne sera pas un status quo mais l'occasion d'une remise en cause profonde (également pour l'Europe, mais peut-être dans une moindre mesure). Si le "brexit" l'emporte, le Royaume-Uni se retrouvera dans l'absurde position de la Norvège, à subir des politiques qu'elle n'a pas pu influer... Ou alors comme un bateau pirate ancré à l'embouchure de l'Europe... 

Perspectives guère plaisantes, mais ce sera l'occasion pour l'Union de résoudre sa crise de légitimité, celle d'être toujours "les autres" que "nous". Peut-être que l'idée de "communauté" était plus valable? Il doit y avoir des solutions vraiment innovantes, qui ne passent pas par la réplication d'institutions nationales, ou par l'utilisation de structures existantes largement discréditées (dans le mouvement général de discrédit créé par les nouvelles technologies et la fin de la guerre froide, obligeant l'État à devoir prouver son utilité pour autre chose que trois réformettes ou la lutte contre des groupuscules terroristes). Il faut créer des consensus là où il peut y en avoir, "stratégie des petits pas",  non pas vers une fédération totale mais vers un bloc capable d'assumer sa puissance.

lundi 20 juin 2016

Sur un auteur dilettante

Je n'ai pas encore vraiment évoqué la seule critique jamais reçue du GRMF: j'en attendais d'autres à l'époque (septembre 2014), mais il n'y en a pas eu. Et (sans doute heureusement) l'absence de publication m'a évité des critiques plus profondes, ou des crises plus graves.

Je ne l'avais pas évoquée non plus car je n'arrivais pas à la comprendre tout à fait. Je ne suis pas certain que le lecteur (ou la lectrice) soit vraiment allé au-delà de la dixième page, mais au lieu de critiquer la critique j'aimerais pouvoir en tirer quelques leçons utiles. Ceci dit, je suis assez perplexe: par exemple, j'avais peur que l'histoire aille trop vite, qu'elle soit trop touffue et je lis "l'intrigue mise en scène est assez simple et mal développée. Elle avance très laborieusement." C'est plutôt rassurant.

Sur la question des quatre narrateurs (en réalité, il y en a cinq), j'imagine que j'aurais pu aller plus loin dans la différenciation même si ce n'était pas forcément l'idée: "Nous voyons peu de différence dans la focalisation des quatre grandes parties puisque les différents points de vue adoptés ne permettent pas de livrer des versions originales ou très personnelles des évènements". 

Enfin, une phrase qui montre qu'il/elle a bien saisi l'essence complètement creuse des pantins que je décrivais dans le GRMF, mais ceux qui comptait pour moi n'étaient pas les "héros", mais les narrateurs eux-mêmes, Jacqueline Berger, Matteo Faliardi, Barbara Stin, etc. "Vos personnages, qui évoluent dans un milieu assez superficiel, paraissent eux-mêmes superficiels et trop attachés aux apparences, trop calculateurs : "Dans la matinée, elle avait changé de stratégie : elle avait cherché à démontrer que nous formions un couple réel [...]". On ne s'attache pas à eux une seule seconde."

Je ne comprends pas à quoi lui a servi de citer cette phrase qui est typiquement l'essence de ce que raconte le GRMF, les stratégies changeantes et souvent manquées de protagonistes "calculateurs" pour survivre dans ce milieu "assez superficiel". Je suis désolé qu'il/elle ne se soit pas attaché/e aux personnages une seule seconde et de lui avoir fait perdre son temps (je lui suis néanmoins reconnaissant pour ce paragraphe, les autres n'ont pas pris cette peine). A la réflexion (après presque deux ans...) je me rends compte que cette critique rejoint les limites que j'ai vues dans mon propre livre, le manque de profondeur lié au manque de précision, il aurait fallu être plus incisif et moins choral peut-être, se concentrer sur le ressenti d'un seul personnage auquel on aurait pu se lier dans ce cirque. J'ai voulu trop faire avec pas assez de moyens.

vendredi 17 juin 2016

Le meurtre de Jo Cox

Cette mort est l'aboutissement de trente ans de désinformation, de quinze ans d'appels au meurtre - non pas dans une médersa lointaine, mais au cœur de nos institutions. "They will storm this chamber and hang you and they'll be right!"* Les mots finissent par avoir un sens, hélas. 

J'aimerais que certains se sentent un peu coupables, mais il n'en sera rien. 

Et cette sensation horrible que Jo Cox n'est que le début d'une série, que ce meurtre marque non pas le retour de la raison dans nos pays, mais le début du délitement, le plongeon dans l'absurde et la violence. A partir du moment où les hommes d’État se sont évaporés (étaient-ils seulement autre chose qu'un mythe, même autrefois?), et que la prime va au n'importe quoi, le réel, la vie des autres n'ont plus grande importance.

jeudi 19 mai 2016

Près des douze étoiles

Mes projets d'écriture sont à un point de non-désir profond, mais quand la mauvaise conscience me reprend, me reprend aussi cette vieille idée d'utiliser mon milieu professionnel comme source d'un roman - une source peut-être bientôt tarie - mais j'avais justement écarté cette possibilité jusque maintenant en pensant qu'il n'y avait pas là de "sujet littéraire", alors que l'effondrement d'un rêve, et son inévitable nostalgie, constitue un sujet littéraire très valable, très classique même. Toute la grande littérature de 1820-1850 s'est construite sur l'effondrement du rêve napoléonien: il en sera peut-être de 2020-2050 (si nous survivons).

Il faut une connaissance mais aussi une distance - sinon le risque est grand de tomber dans la propagande ou la caricature. Si je devais écrire quelque chose sur l'Europe d'aujourd'hui, ce ne serait sans doute pas élogieux - mais le blâme est plus général: aucune construction institutionnelle ne sait plus où elle va, et la démocratie tournoie dans le vide - aimantée par d'absurdes candidats du "bon sens".

L'autre problème est de transformer mon insignifiante expérience en quelque chose d'intéressant - mais c'est là que l'imagination peut se développer. Qui pourra encore vérifier, dans 20 ans? Et après tout, j'ai vécu suffisamment près des douze étoiles pour en avoir tiré quelques croquis utiles, à défaut de selfies facilement exhibable. Je vois une sorte de dialogue à deux voix, sur un rivage échoué, entre une personne qui me ressemblerait et un "héros" qui aurait vécu au cœur de l'action (encore une fois je me rends compte que j'attache plus d'importance au narrateur qu'aux personnages - ce qu'avait semblé me reprocher l'éditrice - mais pourquoi les personnages devraient être "attachants"? Le regard est plus important que la vision, aurais-je pu dire pour me justifier, et c'est pourquoi le narrateur importe plus que le sujet qu'il narre. Mais c'est certes un peu facile, comme réponse, et l'on ne peut pas toujours écrire sur rien, sur des fantasmes changeants (l'idée du GRMF), en tout cas pas quelque chose qui s'ambitionne durable).
Je tacherai d'aller plus loin.

samedi 23 avril 2016

Une condition si simple, en apparence si peu discriminante

Merveilleuse page de Houellebecq, que j'avais photographiée il y a quelques mois*, et que je viens de confondre par mégarde, en retrouvant la photo, avec du Simon Leys - c'est dire!

Pourquoi continuer à lire? C'est une question que je me pose beaucoup ces temps-ci... Je peux concevoir que certaines personnes ont besoin de la lecture pour être transportées dans d'autres univers, et qu'elles prisent la rencontre avec l'imaginaire d'un auteur. De mon coté, je me soucie plus de l'imaginaire des autres: il y a longtemps qu'il me semble dérisoire, un décor de carton-pâte qui ne veut rien dire pour moi, qui ne dit rien sur le monde, même chez Stendhal par exemple. Mais la rencontre avec l'auteur oui, la découverte d'un esprit qui a quelque chose d'intelligent à me dire sur la vie et le monde, voilà ce que je veux lire. Et cela peut prendre la forme d'un poème, d'un roman, d'un essai, d'un blog (!) pourvu qu'il soit authentique, personnel.


"Seule la littérature peut vous permettre d’entrer en contact avec l’esprit d’un mort, de manière plus directe, plus complète et plus profonde que ne le ferait même la conversation avec un ami - aussi profonde, aussi durable que soit une amitié, jamais on ne se livre, dans une conversation, aussi complètement qu’on ne le fait devant une feuille vide, s’adressant à un destinataire inconnu. Alors, bien entendu, lorsqu’il est question de littérature, la beauté du style, la musicalité des phrases ont leur importance; la profondeur de la réflexion de l'auteur, l’originalité de ses pensées ne sont pas à dédaigner; mais un auteur c’est avant tout un être humain, présent dans ses livres, qu’il écrive très bien ou très mal en définitive importe peu, l'essentiel est qu'il écrive et qu'il soit, effectivement, présent dans ses livres (il est étrange qu'une condition si simple, en apparence si peu discriminante, le soit en réalité tellement, et que ce fait évident, aisément observable, ait été si peu exploité par les philosophes de diverses obédiences: parce que les êtres humains possèdent en principe, à défaut de qualité, une même quantité d'être, ils sont tous en principe à peu près également présents; ce n'est pourtant pas l'impression qu'ils donnent, à quelques siècles de distance, et trop souvent on voit s'effilocher, au fil de pages qu'on sent dictées par l'esprit du temps davantage que par une individualité propre, un être incertain, de plus en plus fantomatique et anonyme). De même, un livre qu'on aime, c'est avant tout un livre dont on aime l'auteur, qu'on a envie de retrouver, avec lequel on a envie de passer ses journées."

Michel Houellebecq, Soumission

mardi 22 mars 2016

Maalbeek

Soulagé et reconnaissant, mais plus encore intrigué par ce destin qui - par une succession de hasards amenant quelques minutes de retard - sauve une existence absurde et sans but apparent, pour détruire les vies valables d'êtres aimés. On voudrait croire qu'il y a quelque chose, un message, une finalité. Sinon, ce serait plus qu'incompréhensible, révoltant. Mais nous restons en vie, enfermés dans nos questions sans réponse, dans notre révolte sage et résignée.

samedi 19 mars 2016

Saarbrücken


Le passage du train dans la ville, sommeillant dans une brume hivernale, dorée, m'a rappelé une sensation puissante éprouvée il y a quelques temps déjà, dans un jardin bien ordonné, tandis que je me précipitais parmi les roses, puis reculais interdit... En ai-je parlé dans ces brèves? Je ne crois pas. C'était comme dans un rêve l'impossibilité de marcher. 

Une sensation réciproque? J'imagine que comme d'habitude mes émotions ne s'étaient basées sur presque rien (de même le monde est né du néant originel, pourrait-on rétorquer). Je vais quand même suivre d'un œil cette affaire non élucidée. L'avenir me dira comment je dois juger le passé.

vendredi 18 mars 2016

Message d'absence

Après une année de silence... si j'excepte les vaines tentatives de "rattrapage"... qu'ai-je retenu? en quoi ai-je grandi? J'ai plus que jamais la conscience du temps qui passe, du temps qui fuit, qui m'échappe. Dix ans dans cette ville, bientôt trente-cinq ans dans cette vie. Une moitié d'existence si les cancers, les suicides et les attentats me laissent atteindre l'autre côté. Il n'y a pas de quoi pavoiser. J'ai même honte de tout ce temps perdu, de tout ce que je n'ai pas accompli. J'avais de si grandioses projets à court-terme! Même les projets modestes sont restés en plan. Et si au moins je pouvais me dire que j'ai été heureux durant ces années, l'effondrement de mes ambitions serait un dégât mineur - mais l'ai-je été? Je n'ai jamais su profiter de ce que l'on me donnait, sauf en de rares instants. J'étais ailleurs, absent à mon existence.

Sentiment de gâchis aussi créé par la "mobilité professionnelle", qui fait que les expériences pèsent très peu, que je me suis retrouvé comme un stagiaire, comme le "jeune professionnel", là où j'aspirais à la responsabilité, à la maîtrise de moi et des autres. Ce sentiment ne va sans doute jamais s'arrêter avec la vie nomade que j'entrevois (mais j'avais accepté cette vie nomade sur la base du GRMF, d'une vie d'écrivain - quel fou! d'avoir été incapable d'abandonner ses rêves là où tant d'autres ont fait preuve de plus de réalisme, de moins d'orgueil).

Recomptant les années perdues, je me suis rendu compte que seuls restaient les quelques mots des brèves, les quelques témoignages que j'avais laissés, d'impressions déjà disparues, de villes en ruine, de personnes mortes, de corps désirés devenu si lointains, de corps qu'on ne reverra plus jamais comme on les a vus, dans la vigueur de leur jeunesse, et toutes les certitudes plus éphémères encore, les idées politiques, les goûts littéraires, les poèmes qui nous ont émus, et qui ne provoquent plus que rires ou bâillements.

mercredi 16 mars 2016

Une Bible froissée

Dans la chambre d'hôtel africaine, une bible froissée: j'ai relu la fin des évangiles, toujours intéressé par ce "Jésus de la résurrection" que j'ai déjà évoqué précédemment. Il y flotte un tel mystère - le récit est bâclé, extrêmement rapide ("et il apparut encore en deux endroits"), avec des incohérences tellement grosses qu'on se demande pourquoi les premiers chrétiens ne les ont pas discrètement gommés (parfois un ange, parfois deux anges - c'était facile à corriger discrètement...).
 
C'est comme si les évangélistes (à la suite des disciples?) avaient été gênés par la résurrection, ne savaient pas vraiment quoi faire de ce Jésus soudain revenu parmi eux, alors qu'ils s'étaient déjà éparpillés, renfermés dans la désolation. Est-ce lui? Est-ce un autre qui est réapparu, ou, comme le suggérerait apparemment l'Islam*, est-ce un autre qui a été crucifié? Le récit est tellement maigre, qu'on est aussi perplexe, aussi effrayé que les femmes au tombeau. 

*
 
Autre question: si Jésus était encore là, pourquoi n'a-t-il pas fait une apparition plus éclatante, devant ses anciens bourreaux, devant tout le peuple? Cela aurait simplifié considérablement la tâche de tout le monde, en particulier des apôtres... Mais Jésus n'en a pas voulu, a préféré défier notre foi et notre raison, nous laisser libre de notre opinion, de croire ou non en lui. Ce serait une explication à ces conclusions étranges des évangiles: les disciples, plus que perplexes, sont surtout déçus qu'il apparaisse en coup de vent, que sans les aider il disparaisse de nouveau (comment? ce n'est pas clair non plus). 

*

Et ce cri, l'un des rares dans les évangiles à rester dans sa langue originale: "Eli, Eli, lama sabachthani ? c'est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné". Il résonne encore deux mille ans après - la plus féroce colère de l'homme face à dieu. Mais si même Jésus a douté, qui peut croire? Et s'il a douté, était-il seulement le fils de Dieu? 

Je n'y crois pas, et pourtant j'aimerais y croire, j'éprouve de la peine de ne pas y croire: c'est le doute de l'incroyant. Mais je vis avec les textes, peut-être qu'un jour un détail me rendra les choses évidentes, lumineuses.

jeudi 10 mars 2016

Rêve du Thalys

Rêve - ou plutôt vision - d'un homme qui conduit sa voiture dos à la route, se fiant à quelques panneaux lus à l'envers et à la fuite de la ligne, environné par les commentaires de passagers effrayés. Une voiture qui ne peut plus freiner, et qui fonce dans des paysages imprévisibles. Trop tard il se rend compte avoir passé un carrefour, avoir négligé une bifurcation... quant aux feux rouges et autres obstacles sur la route, il les a grillés sans même se soucier des autres. Il n'a pas cherché à s'arrêter. S'arrêter n'aurait pas de sens, remettrait en cause le chemin déjà accompli. Dans son autoradio, des mélodies entraînantes. Ceinture bien attachée, il se sent en sécurité; il trouve le paysage magnifique, surtout les régions industrielles ruinées, les mono-cultures, les arbres morts à l'horizon, les files de camions qu'il dépasse, crachant contre le gris-nez des nuages; il se croirait presque rebelle, presque rebelle à tourner ainsi le dos à la vie.

jeudi 18 février 2016

Entre villes

Projet littéraire puisque la fiction ne m'intéresse plus et manifestement ne me réussit pas: une semi-fiction (?), une description personnelle de villes, d'époques, de personnes. C'est un peu ces brèves, en quelque sorte, mais amalgamés dans une matière plus permanente, moins temporalisée. J'ai été (rapidement) ébloui par le livre Entre Villes de Stephan Hertmans*, où il prend à chaque chapitre deux villes différents pour en effectuer une comparaison intime: Bruxelles-Amsterdam, Venise-Naples, Vienne-Bratislava. N'ai-je pas fait de même souvent sans le chercher, par association d'idées?

On pourrait sauter de Lagos au XXIe siècle à Venise au XIVe, il y a sans doute des similitudes de situation. Mettre en miroir le monde d'avant Internet et celui d'aujourd'hui. Toutes ces comparaisons font que la vie vaut la peine d'être vécue, que le monde vaut la peine d'être vu - et nous définissent peut-être mieux que dans les logorrhées des contemporains de chaque époque (qui, les yeux rivés sur le présent, ne comprennent rien à ce qui les entoure). Un exemple parmi d'autres: la façon dont nous vivons encore dans "l'ombre infinie de César"*, dans le souvenir de l'Empire romain dont nous n'allons pas réussir à égaler la solidité - cette comparaison nous hante, comment ne pas en voir la résurgence (à tort ou à raison - à mes yeux plutôt à raison) dans la "crise des réfugiés"?

mercredi 3 février 2016

Le rêve dans le labyrinthe des causes (2)



Interprétation, ou "leçon", du rêve. J'ai mis fin à ces brèves depuis un an. J'ai même accusé l'écriture de tous mes problèmes, d'avoir contribué à la construction de fantasmes qui m'ont empêché de "vivre réellement" (est ce que cette expression a le moindre sens? est ce que nous nous vivons jamais réellement? je passe cette question), enfermé dans un sommeil vide, dans un palais merveilleux patiemment bâti par mes mensonges et par les autres - oui ! -  dans l'attente toujours renouvelée d'un événement (à défaut de prince charmant!) qui viendrait me réveiller, secouer ces pierres précaires... J'ai vu s'effondrer d'un coup toutes mes ambitions.

J'ai vu le désintérêt pour le GRMF, j'ai compris qu'il faudrait me contenter de projets plus modestes, intimes, qui ne résonneront jamais ailleurs qu'ici. Qu'avais-je à proclamer de toute façon? Mais j'avais construit ma vie autour de ce projet (j'avais même oublié à quel point cela était vrai: même mon pssage à Strasbourg était motivé par la rédaction du deuxième tome de Moreiro, la nécessité d'avoir un moment de calme avant d'entrer pour de bon dans la vie professionnelle en cas d'échec du livre - c'est tellement extravagant a posteriori que je ne m'en souvenais plus, jusqu'à ce que je redécouvre un ancien journal, quelques lignes que j'avais griffonnées à l'époque (heureusement que ma vie est bien documentée, sinon je réinventerais sans cesse une nouvelle biographie complaisante, en fonction des priorités du moment)).

Plus grave, j'ai perdu ce qui faisait la beauté de vivre avec Della Rovere, cette vie quotidienne, merveilleuse, dont je n'ai pas profité suffisamment, donc je n'ai pas mesuré le caractère fugace, la chance exceptionnelle qui m'était offerte. Qu'aurais-je dû faire? Je m’accroche encore à ce rêve, même s'il ne reviendra plus, je crois qu'il sera encore possible, je mets en place les conditions de son retour - mais ce ne sera jamais que de façon temporaire. A moins de sacrifier bien d'autres choses, nous ne vivrons plus vraiment ensemble avant la vieillesse - si nous ne sommes pas morts d'ici là demain.

Je ne vois pas de solutions qui ne soient pas des renoncements si frustrants qu'ils mèneraient à la rupture - fausses bonnes solutions. Mais peut-être quelque chose de bien se glisse parmi le hasard des événements. Je n'en suis plus réduit qu'au silence, à l'observation (à la manière d'une vache regardant passer les trains).

Même impasse dans la vie professionnelle où j'ai perdu toute estime de moi et où je régresse (curieusement, à l'image de mon organisation)... Là-dessus, je ne vais pas m'attarder...

Enfin, et plus grave encore, l'état du monde me laisse sans voix, sans plus aucune certitude (en avais-je?), de Lesbos à Cologne, de Paris et de Mossoul, de l'Iowa, de la bourse de Shangaï, de Bruxelles... J'ai préféré me taire, et me réveiller quand les choses iraient mieux. Je n'envie pas ceux qui ont en charge le destin du monde, ni ceux qui naîtront cette année. Je ne vois que la mort et l'écroulement de tout.

Le rêve dans le labyrinthe des causes

Rêve que je voyageais à Istanbul avec Watson et Jean le Paisible. Une fausse Istanbul, de nouveau, dont on ne voyait aucun des monuments fameux, pas même la topographie! Le seul point commun était qu'il nous fallait traverser le Bosphore (un petit canal) depuis d'équivalent de Tophané. Nous empruntions une sorte de "pont de singe" que Jean le Paisible dévalait comme un toboggan, au risque de tomber dans l'eau froide.

Une fois cette traversée effectuée, nous devions retrouver la Chalcédonienne* sur l'autre rive, par un bus qui allait dans un lieu appelé Dumdum (ou Dumduk) mais finalement le bus partait sans nous. Nous prenions alors une voiture, remontions la côte vers le Nord, passant un pont et cherchant le fameux "troisième point". puis nous nous arrêtions dans une sorte de café glauque comme il y a en a beaucoup en Turquie. Le temps pressait; nous risquions de rater notre avion. 

A ce moment-là, je recevais un appel de la Chalcédonienne qui me disait que nous ne devions pas nous embêter à la voir, puis, après un moment de silence, que ses deux parents étaient morts, que nous pourrions la voir la semaine d'après - pour les funérailles.

A demi-réveillé, je me rendais compte que ce serait compliqué de trouver un vol pour le weekend prochain.

*

A moitié rendormi, dans ce train matinal que je commence à bien connaître (et où curieusement j'occupe toujours la même place), je me demande pourquoi mes rêves m'ont encore emmené dans Istanbul, même la fausse, alors que j'ai depuis quelque temps déjà réglé mon compte avec la Turquie, que je n'y suis plus allé depuis deux ans, que je n'y retournerai plus avant longtemps, jamais peut-être, et certainement pas avec les mêmes espoirs ni les mêmes désirs qu'autrefois.

Une illusion de plus qui s'est brisée en peu de temps! Et pourtant, tous ces rêves étaient atteignables peut-être. Par essence ils étaient certainement compromis, impossibles, fous - condamnés à se faire massacrer par le réel, asphyxiés dès la moindre protestation... Pourtant, même les choses qui n'ont pas eu lieu peuvent demeurer dans l'ordre du possible, jusqu'à preuve de leur échec. La réalité prend des chemins tortueux, incohérents, absurdes si l'on pouvait la regarder depuis l'amont! Ce n'est qu'en aval que le labyrinthe des causes nous paraît évident, univoque. Et nous nous frappons la tête en nous disant "bien sûr", en regrettant le temps perdu à courir après des illusions, comme Swann après une femme "qui n'était pas son genre", par exemple; mais pendant ce temps là nous avons vécu, et emprunté le même chemin que le monde!

jeudi 21 janvier 2016

Il n'a pas cherché à s'arrêter

Rêve - ou plutôt vision - d'un homme qui conduit sa voiture dos à la route, se fiant à quelques panneaux précédents et à la fuite de la ligne, environné par les commentaires de passagers effrayés. Une voiture qui ne peut plus freiner, et qui fonce dans des paysages imprévisibles. Trop tard il se rend compte avoir passé un carrefour, avoir négligé une bifurcation... quant aux feux rouges et autres obstacles sur la route, il les a grillés sans même se soucier des autres. Il n'a pas cherché à s'arrêter. S'arrêter n'aurait pas eu de sens, aurait remis en cause le chemin déjà accompli. 

Dans son autoradio, des mélodies entraînantes. Ceinture bien attachée, il se sent en sécurité; il trouve le paysage magnifique, surtout les régions industrielles ruinées, les mono-cultures, les arbres morts à l'horizon, les files de camions qu'il dépasse, crachant contre le gris-nez des nuages; il se croirait presque rebelle, presque rebelle à tourner ainsi le dos à la vie.